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美女与猛兽(上)

2020-06-12 18:00 作者:基顿的帽子  | 我要投稿

La Belle et la Bête 美女与猛兽


Il y avait une fois un marchand qui était extrêmement riche. Il avait six enfans, trois garçons et trois filles ; et, comme ce marchand était un homme d’esprit, il n’épargna rien pour l’éducation de ses enfants, et leur donna toutes sortes de maîtres. Ses filles étaient très-belles, mais la cadette sur-tout se faisait admirer, et on ne l’appelait, quand elle était petite, que la BELLE ENFANT, en sorte que le nom lui en resta, ce qui donna beaucoup de jalousie à ses sœurs.

某年某乡,有一位富商。富商有六个孩子,三个小子三个闺女。富商是个明白人,在教育上所费不赀,为子女请来了大把的老师。三个闺女都出落得花一样美,小女儿更是人见人爱,坊间给她起了个小名,叫媚儿,大家叫来叫去就叫习惯了。耳听着人人称道妹妹的漂亮,两个姐姐妒火中烧。

Cette cadette, qui était plus belle que ses sœurs, était aussi meilleure qu’elles. Les deux aînées avaient beaucoup d’orgueil, parce qu’elles étaient riches : elles faisaient les dames, et ne voulaient pas recevoir les visites des autres filles de marchands ; il leur fallait des gens de qualité pour leur compagnie. Elles allaient tous les jours au bal, à la comédie, à la promenade, et se moquaient de leur cadette, qui employait la plus grande partie de son temps à lire de bons livres.

三姐妹里,小女儿不仅最漂亮,也最善良。姐姐俩仗着家里有钱,成天价装腔作势,端小姐架子,一般出身的人还嫌不入流,非得够格的人才看得上眼。俩人每天赴舞会、看演戏、散闲步,笑话小妹妹光顾读书,大好时光都浪费掉了。

Comme on savait que ces filles étaient fort riches, plusieurs gros marchands les demandèrent en mariage. Mais les deux aînées répondirent qu’elles ne se marieraient jamais, à moins qu’elles ne trouvassent un duc, ou tout au moins un comte. La Belle (car je vous ai dit que c’était le nom de la plus jeune), la Belle, dis-je, remercia bien honnêtement ceux qui voulaient l’épouser, mais elle leur dit qu’elle était trop jeune, et qu’elle souhaitait de tenir compagnie à son père pendant quelques années.

商人家富得流油,免不了有其他豪商登门提亲。可姐姐俩全没答应,一个说要嫁公爵,一个说要嫁伯爵。媚儿谢过了来人的心意,答复说自己还太小,还想在父亲身边多陪几年。

Tout d’un coup le marchand perdit son bien, et il ne lui resta qu’une petite maison de campagne, bien loin de la ville. Il dit en pleurant à ses enfans qu’il fallait aller demeurer dans cette maison, et qu’en travaillant comme des paysans ils y pourraient vivre. Ses deux filles aînées répondirent qu’elles ne voulaient pas quitter la ville, et qu’elles avaient plusieurs amants qui seraient trop heureux de les épouser, quoiqu’elles n’eussent plus de fortune.

天有不测风云,富商突然赔了个精光,潦倒得只剩乡下的一间小屋,离着城好远好远。老汉含着泪告诉儿女,咱家以后只能种地了。姐姐俩不想走,说多少人排着队要娶自己,哪怕没钱也不愁找不着人家。

Les bonnes demoiselles se trompaient ; leurs amants ne voulurent plus les regarder quand elles furent pauvres. Comme personne ne les aimait à cause de leur fierté, on disait : Elles ne méritent pas qu’on les plaigne, nous sommes bien aises de voir leur orgueil abaissé ; qu’elles aillent faire les dames en gardant les moutons. Mais en même temps tout le monde disait : Pour la Belle nous sommes bien fâchés de son malheur ; c’est une si bonne fille ! elle parlait aux pauvres gens avec tant de bonté ; elle était si douce, si honnête ! Il y eut même plusieurs gentilshommes qui voulurent l’épouser, quoiqu’elle n’eut pas un sou ; mais elle leur dit qu’elle ne pouvait pas se résoudre à abandonner son pauvre père dans son malheur, et qu’elle le suivrait à la campagne pour le consoler et lui aider à travailler.

两位大小姐想得太美了,一没了钱,那帮求婚的全跑了。俩人平日的德行大伙都看在眼里,交口解气道:活该,叫她俩摆谱,再摆谱跟羊摆去吧。也是大伙,又心疼道:就是苦了媚儿了,多好的姑娘!脾气又好,心眼又实,向来给贫苦人撑腰!这时有几位好心人站出来向媚儿求婚,说不要彩礼,可媚儿不忍心扔下父亲不管,决定跟他下乡,帮着干干活,分分忧。

La pauvre Belle avait été bien affligée d’abord de perdre sa fortune ; mais elle s’était dit à elle-même : Quand je pleurerai beaucoup, mes larmes ne me rendront pas mon bien ; il faut tâcher d’être heureuse sans fortune.

忽然间倾家荡产,媚儿也挺难受,可她自劝道:哭哭哭,哭有什么用呢,没事,没钱就活不出幸福吗?

Quand ils furent arrivés à leur maison de campagne, le marchand et ses trois fils s’occupèrent à labourer la terre. La Belle se levait à quatre heures du matin, et se dépêchait de nettoyer la maison et d’apprêter à dîner pour la famille. Elle eut d’abord beaucoup de peine, car elle n’était pas accoutumée à travailler comme une servante ; mais au bout de deux mois elle devint plus forte, et la fatigue lui donna une santé parfaite. Quand elle avait fait son ouvrage, elle lisait, elle jouait du clavecin, ou bien elle chantait en filant.

来到乡下,一家人种起了地。媚儿清早四点就起,急忙忙打扫卫生,烧火做饭。她毕竟没受过这份累,刚开始干也挺遭罪。可两个月后再看,媚儿的体格更好了,受点辛苦倒使她活泼加倍。忙碌之余,她就读读书、弹弹琴,一边纺纱一边唱歌。

Ses deux sœurs, au contraire, s’ennuyaient à la mort ; elles se levaient à dix heures du matin, se promenaient toute la journée, et s’amusaient à regretter leurs beaux habits et les compagnies. Voyez notre cadette, disaient-elles entre elles, elle a l’âme basse et si stupide, qu’elle est contente de sa malheureuse situation.

两个做姐姐的却牢骚不断。俩人天天睡到日上三竿,醒了就四处溜达,大诉苦水,心疼丢了多少衣服,缺了多少人陪。你看咱妹妹,俩人私下嚼舌道,她怎么想的,都这步田地了还能乐出来。

Le bon marchand ne pensait pas comme ses filles. Il savait que la Belle était plus propre que ses sœurs à briller dans les compagnies. Il admirait la vertu de cette jeune fille, et sur-tout sa patience : car ses sœurs, non contentes de lui laisser faire tout l’ouvrage de la maison, l’insultaient à tout moment.

老汉心如明镜,想当初媚儿的光彩就比她姐姐夺目许多。他佩服小女儿的品格,更佩服她的风格:那姐俩不光啥都不干,还净说她的闲话。

Il y avait un an que cette famille vivait dans la solitude, lorsque le marchand reçut une lettre, par laquelle on lui marquait qu’un vaisseau sur lequel il avait des marchandises venait d’arriver heureusement. Cette nouvelle pensa tourner la tête à ses deux aînées, qui pensaient qu’à la fin elles pourraient quitter cette campagne, où elles s’ennuyaient tant ; et quand elles virent leur père prêt à partir, elles le prièrent de leur apporter des robes, des palatines, des coèffures, et toutes sortes de bagatelles. La Belle ne lui demandait rien ; car elle pensait en elle-même, que tout l’argent des marchandises ne suffirait pas pour acheter ce que ses sœurs souhaitaient. Tu ne me pries pas de t’acheter quelque chose ? lui dit son père. Puisque vous avez la bonté de penser à moi, lui dit-elle, je vous prie de m’apporter une rose, car il n’en vient point ici. Ce n’est pas que la Belle se souciat d’une rose, mais elle ne voulait pas condamner, par son exemple, la conduite de ses sœurs, qui auraient dit que c’était pour se distinguer qu’elle ne demandait rien.

一家人门庭冷落地过了一年。这天,老汉接着一封信,说有艘船拉来他一批货。姐姐俩一听就来了精神,心想这倒霉日子可算到头了。俩人紧赶慢赶催父亲上路,叫他多带些衣裙钗钿,琐细零碎回来。媚儿什么也没要,心想纵有金银满仓,也填不满两个姐姐的胃口。孩子,不用我捎点什么吗?老汉问道。既然您问了,媚儿答道,那请您给我捎朵玫瑰花吧,乡里哪儿也没有卖的。其实媚儿倒不是真心为花,只是怕什么都不要伤了姐姐的面子,又惹得她们说长道短。

Le bon homme partit ; mais quand il fut arrivé, on lui fit un procès pour ses marchandises, et, après avoir eu beaucoup de peine, il revint aussi pauvre qu’il était auparavant. Il n’avait plus que trente milles pour arriver à sa maison, et il se réjouissait déjà du plaisir de voir ses enfans ; mais comme il fallait passer un grand bois avant de trouver sa maison, il se perdit. Il neigeait horriblement ; le vent était si grand, qu’il le jeta deux fois en bas de son cheval : la nuit étant venue, il pensa qu’il mourrait de faim ou de froid, ou qu’il serait mangé des loups qu’il entendit hurler autour de lui.

老汉出发了。等好容易赶到,这批货又摊上了官司,累死累活,到头来还是一贫如洗。老汉这一去离家三十多里,能赶回去和儿女团圆都算是来之不易了。眼看离家越来越近,老汉却在林子里迷路了。林间风雪大作,风刮得凶极了,活活把他从马上吹下来两次。不觉间天色已晚,狼嚎声叫得人发毛,老汉心想,这下不死于冻馁,也得葬身狼腹。

Tout d’un coup, en regardant au bout d’une longue allée d’arbres, il vit une grande lumière, mais qui paraissait bien éloignée. Il marcha de ce côté-là, et vit que cette lumière sortait d’un grand palais qui était tout illuminé.

刹那间,一条狭长的林径映入眼帘,只见尽头处光辉夺目。老汉沿路步步走去,才发现是座灯火通明的宫殿。

Le marchand remercia Dieu du secours qu’il lui envoyait, et se hâta d’arriver à ce château ; mais il fut bien surpris de ne trouver personne dans les cours. Son cheval, qui le suivait, voyant une grande écurie ouverte, entra dedans, et ayant trouvé du foin et de l’avoine, le pauvre animal, qui mourait de faim, se jeta dessus avec beaucoup d’avidité. Le marchand l’attacha dans l’écurie, et marcha vers la maison, où il ne trouva personne ; mais étant entré dans une grande salle, il y trouva un bon feu, et une table chargée de viande où il n’y avait qu’un couvert. Comme la pluie et la neige l’avaient mouillé jusqu’aux os, il s’approcha du feu pour se sécher, et disait en lui-même : Le maître de la maison ou ses domestiques me pardonneront la liberté que j’ai prise, et sans doute ils viendront bientôt.

老汉大谢苍天救命,三步作两步飞奔向前,却讶异地发现庭院里空无一人。牵着的马儿望见一座大马房敞着门,自己溜溜达达走了进去,里面竟然预备了干草燕麦。马儿饿得都不行了,一股脑蹦到草料堆上,甩开腮帮子大吃特吃。老汉拴好了马,推门进屋,依旧是空空荡荡。走进一间大厅,只见壁炉中火焰噼啪,大鱼大肉摆了一桌子,还只配了一副餐具。老汉冻得骨头都麻了,连忙过去挨着火,喃喃道:冒冒失失就闯进来,得给人家赔个不是,估计这家人马上就回来了。

Il attendit pendant un temps considérable ; mais onze heures ayant sonné sans qu’il vit personne, il ne put résister à la faim, et prit un poulet qu’il mangea en deux bouchées et en tremblant ; il but aussi quelques coups de vin, et, devenu plus hardi, il sortit de la salle, et traversa plusieurs grands appartemens, magnifiquement meublés. A la fin il trouva une chambre où il y avait un bon lit ; et comme il était minuit passé, et qu’il était las, il prit le parti de fermer la porte et de se coucher.

老汉等了好久,等到半夜十一点还是没见着人。他实在饿得没法,战战兢兢夺过一只烧鸡,两口就吃干抹净。几杯美酒下肚,老汉壮了壮胆;他走出大厅,路过几道还要恢宏、还要华美的厅堂,来到了一间卧室,里头摆着张大床。夜深了,他累坏了,于是也顾不得那么多,径自关上房门,沉沉睡去。

Il était dix heures du matin quand il se leva le lendemain, et il fut bien surpris de trouver un habit fort propre à la place du sien, qui était tout gâté. Assurément, dit-il en lui-même, ce palais appartient à quelque bonne fée qui a eu pitié de ma situation. Il regarda par la fenêtre et ne vit plus de neige, mais des berceaux de fleurs qui enchantaient la vue. Il rentra dans la grande salle où il avait soupé la veille, et vit une petite table où il y avait du chocolat. Je vous remercie, madame la Fée, dit-il tout haut, d’avoir eu la bonté de penser à mon déjeuner. Le bon homme, après avoir pris son chocolat, sortit pour aller chercher son cheval ; et comme il passait sous un berceau de roses, il se souvint que la Belle lui en avait demandé une, et cueillit une branche où il y en avait plusieurs.

早上十点,老汉睁开眼,发现自己那身脏衣服旁边放着一套新装。我知道了,他自语道,肯定是哪路神仙暗中保佑我。再看窗外,已不见雪花飞舞,但见鲜花满园。老汉又回到昨晚吃饭那屋,看见一张小桌上摆了杯热可可。谢谢您,神仙,他高声道,您太周到了。喝罢可可,老汉出门牵马。走过玫瑰丛,老汉突然想起媚儿的托付,就从遍地的玫瑰里采了一朵。

En même temps il entendit un grand bruit, et vit venir à lui une bête si horrible, qu’il fut tout prêt de s’évanouir. Vous êtes bien ingrat, lui dit la bête d’une voix terrible ; je vous ai sauvé la vie en vous recevant dans mon château, et pour ma peine vous me volez mes roses, que j’aime mieux que toutes choses au monde. Il faut mourir pour réparer cette faute ; je ne vous donne qu’un quart d’heure pour demander pardon à Dieu.

说时迟那时快,一声咆哮震天撼地,只见得一头猛兽横空出世,吓得老汉拔腿就跑。无耻小人!猛兽怒吼道,我好心好意救了你的命,你却把我心爱的玫瑰给偷了。敢动我的花,你死定了。有什么话趁早交待吧。

Le marchand se jeta à genoux et dit à la bête, en joignant les mains : Monseigneur, pardonnez-moi ; je ne croyais pas vous offenser en cueillant une rose pour une de mes filles, qui m’en avait demandé. Je ne m’appelle point monseigneur, répondit le monstre, mais la Bête. Je n’aime pas les compliments, moi ; je veux qu’on dise ce que l’on pense ; ainsi ne croyez pas me toucher par vos flatteries. Mais vous m’avez dit que vous aviez des filles, je veux bien vous pardonner, à condition qu’une de vos filles vienne volontairement pour mourir à votre place : ne me raisonnez pas, partez ; et si vos filles refusent de mourir pour vous, jurez que vous reviendrez dans trois mois.

老汉扑通一声给猛兽跪下了,拱手哀求道:大人,大人我错了,您听我说,我女儿想要朵玫瑰花,所以我才不小心摘了您的,您老就饶了我这次吧,我好几个儿女还在家等着我呢。别来这套,猛兽答道,不用奉承我。溜须拍马对别人有用,对我不好使。老汉,既然你家里那么多女儿,要是你哪个闺女心甘情愿肯来这儿抵你的命,那我就放你一马。少啰嗦,赶紧走,要是她们一个都不敢站出来,那你就自求多福吧。

Le bon homme n’avait pas dessein de sacrifier une de ses filles à ce vilain monstre, mais il pensa au moins : J’aurai le plaisir de les embrasser encore une fois. Il jura donc de revenir, et la Bête lui dit qu’il pouvait partir quand il voudrait ; mais, ajouta-t-elle, je ne veux pas que tu t’en ailles les mains vides. Retourne dans la chambre où tu as couché, tu y trouveras un grand coffre vide, tu peux y mettre tout ce qui te plaira, je le ferai porter chez toi. En même temps la Bête se retira, et le bon homme dit en lui-même : S’il faut que je meure, j’aurai la consolation de laisser du pain à mes pauvres enfans.

老汉哪舍得把闺女送给这头凶兽,他暗想道:先应下来,等回家见完她们最后一面,我死也瞑目了。老汉发誓说一定回来,猛兽说道,你想走就走吧,不过别空着手回去。你还回昨晚的卧室,屋里有个大箱子,你看中什么就塞进去,回头我帮你送到家。猛兽说完就没影了,留下老汉独自嘀咕道:死就死吧,能替孩子谋份家当也值了。

Il retourna dans la chambre où il avait couché, et y ayant trouvé une grande quantité de pièces d’or, il remplit le grand coffre dont la Bête lui avait parlé, le ferma, et ayant repris son cheval, qu’il retrouva dans l’écurie, il sortit de ce palais avec une tristesse égale à la joie qu’il avait lorsqu’il y était entré. Son cheval prit de lui-même une des routes de la forêt, et en peu d’heures le bon homme arriva dans sa petite maison.

老汉折了回去,发现卧室里多了一座金山,按着猛兽的话,老汉把箱子装得满满当当,关紧了,跨上马孤身而去,得救时有几多惊喜,回程时便有几多悲戚。马儿信步穿过林间,没几个钟头就到了家。

Ses enfans se rassemblèrent autour de lui, mais au lieu d’être sensible à leurs caresses, le marchand se mit à pleurer en les regardant. Il tenait à la main la branche de roses qu’il apportait à la Belle, il la lui donna, et lui dit : La Belle ; prenez ces roses, elles coûteront bien cher à votre malheureux père, et tout de suite il raconta à sa famille la funeste aventure qui lui était arrivée.

儿女们将他团团抱紧,看着几个女儿,老汉笑不出口,唯有满脸的泪水。老汉紧握着那枝玫瑰,交到了媚儿手里,说道:你要的玫瑰,媚儿,这可是用命换回来的。语毕,老汉讲述起那场闻之色变的遭遇。

A ce récit, ses deux aînées jetèrent de grands cris, et dirent des injures à la Belle, qui ne pleurait point. Voyez ce que produit l’orgueil de cette petite créature, disaient-elles ; que ne demandait-elle des ajustements comme nous ; mais non, mademoiselle voulait se distinguer ; elle va causer la mort de notre père et elle ne pleure pas. Cela serait fort inutile, reprit la Belle ; pourquoi pleurerais-je la mort de mon père ? Il ne périra point. Puisque le monstre veut bien accepter une de ses filles, je veux me livrer à toute sa furie, et je me trouve fort heureuse, puisqu’en mourant j’aurai la joie de sauver mon père et de lui prouver ma tendresse. Non, ma sœur, lui dirent ses trois frères, vous ne mourrez pas ; nous irons trouver ce monstre, et nous périrons sous ses coups si nous ne pouvons le tuer. Ne l’espérez pas, mes enfans, leur dit le marchand, la puissance de cette Bête est si grande, qu’il ne me reste aucune espérance de la faire périr. Je suis charmé du bon cœur de la Belle, mais je ne veux pas l’exposer à la mort. Je suis vieux, il ne me reste que peu de temps à vivre ; ainsi je ne perdrai que quelques années de vie, que je ne regrette qu’à cause de vous, mes chers enfans. Je vous assure, mon père, lui dit la Belle, que vous n’irez pas à ce palais sans moi ; vous ne pouvez m’empêcher de vous suivre. Quoique je sois jeune, je ne suis pas fort attachée à la vie, et j’aime mieux être dévorée par ce monstre, que de mourir du chagrin que me donnerait votre perte.

听完这番话,大姐二姐放声嚎啕,指着鼻子骂媚儿不是东西,媚儿默默地听着,连滴泪都没掉。瞧她那德行,姐俩异口同声道,什么事就爱搞特殊,怎么,显你呀?咱爸爸都被你害死了你还不哭?哭什么?媚儿回道,爸爸死不了的。那猛兽不是要人抵命吗,我去,我不怕死,只要能救爸爸一命,我就是死也高兴。使不得,妹妹,三位兄长说道,你不能死,我们哥仨去找它,哪怕豁出命也得除掉这祸害。小子,别做梦了,老汉说道,你们是不知道它的厉害,你们哪儿是它的对手。媚儿,好孩子,你的心我领了,你还是好好活着吧。我老了,横竖也没多少日子了,只要有你们在,少活几年就少活几年吧。不行,爸爸,媚儿说道,我就要跟着你去。我还小,我在世上没什么舍不得的,与其为你伤心一辈子,还不如让猛兽把我吃了。

On eut beau dire, la Belle voulut absolument partir pour le beau palais, et ses sœurs en étaient charmées, parce que les vertus de cette cadette leur avaient inspiré beaucoup de jalousie.

一家人劝了又劝,奈何媚儿铁了心非要以身赴死,两个姐姐都傻了,在媚儿的大义面前眼红得不得了。

Le marchand était si occupé de la douleur de perdre sa fille, qu’il ne pensait pas au coffre qu’il avait rempli d’or ; mais aussitôt qu’il se fut renfermé dans sa chambre pour se coucher, il fut bien étonné de le trouver à la ruelle de son lit. Il résolut de ne point dire à ses enfans qu’il était devenu si riche, parce que ses filles auraient voulu retourner à la ville, et qu’il était résolu de mourir dans cette campagne ; mais il confia ce secret à la Belle, qui lui apprit qu’il était venu quelques gentilshommes pendant son absence ; qu’il y en avait deux qui aimaient ses sœurs. Elle pria son père de les marier ; car elle était si bonne qu’elle les aimait, et leur pardonnait de tout son cœur le mal qu’elles lui avaient fait.

老汉为女儿伤透了心,早把箱子的事忘了个干净。时候不早了,刚一回屋,老汉吓了一跳,那个黄金满满的箱子就摆在床边。这下可发了,老汉心想先不和儿女们说,免得两个大女儿一知道又急着往城里跑,老汉现如今只想在乡下安度晚年。这件事老汉只告诉了媚儿,媚儿又告诉他说,他出门期间家里来过不少客人,其中就有姐姐们的两位相好。媚儿求父亲给姐姐们定亲,尽管姐俩从没给过她好脸色看,媚儿却从不记仇,好心好意想着她俩。

Ces deux méchantes filles se frottaient les yeux avec un oignon pour pleurer lorsque la Belle partit avec son père ; mais ses frères pleuraient tout de bon, aussi bien que le marchand : il n’y avait que la Belle qui ne pleurait point, parce qu’elle ne voulait pas augmenter leur douleur. Leur cheval prit la route du palais, et sur le soir ils l’aperçurent illuminé comme la première fois.

父女临行之日,姐俩拿洋葱擦眼睛,好容易辣出了几滴泪,三个弟兄却和老汉哭得泣不成声:全家只有媚儿没哭,她不想再让家里人难过。夜晚时分,马儿来到了宫殿,宫殿依旧光辉闪耀。

Le cheval fut tout seul à l’écurie, et le bon homme entra avec sa fille dans la grande salle, où ils trouvèrent une table magnifiquement servie, avec deux couverts. Le marchand n’avait pas le cœur de manger, mais Belle, s’efforçant de paraître tranquille, se mit à table ; et le servit ; puis elle disait en elle-même : La Bête veut m’engraisser avant de me manger ; puisqu’elle me fait si bonne chère.

马儿独自在马厩歇下,老汉带闺女进了大厅,桌上是一席盛宴,摆了两副餐具。老汉哪还有吃饭的心思,媚儿却强作镇定,入座给父亲夹菜,默默自语道:也难怪这么丰盛,它肯定想把我养肥了再吃。

Quand ils eurent soupé, ils entendirent un grand bruit, et le marchand dit adieu à sa pauvre fille en pleurant ; car il pensait que c’était la Bête. La Belle ne put s’empêcher de frémir en voyant cette horrible figure ; mais elle se rassura de son mieux, et le monstre lui ayant demandé si c’était de bon cœur qu’elle était venue, elle lui dit en tremblant qu’oui. Vous êtes bien bonne, dit la Bête, et je vous suis bien obligé. Bon homme, partez demain matin, et ne vous avisez jamais de revenir ici. Adieu, la Belle. Adieu, la Bête, répondit-elle ; et tout de suite le monstre se retira.

吃完饭,一声暴吼随之而起,老汉哭着和女儿道别,心想猛兽就要吃人了。一见到那头猛兽,媚儿吓得浑身乱颤,可还是拼命稳住了阵脚。猛兽问道,你就是来替死的人吗?媚儿哆哆嗦嗦答了个是。好啊,猛兽说道,辛苦你了。老汉,你明早回去吧,再敢回来可有你好看的。回见,媚儿。回见,猛兽,媚儿答道。眨眼间,猛兽消失得无影无踪。

Ah ! ma fille, dit le marchand en embrassant la Belle, je suis à demi-mort de frayeur : croyez-moi, laissez-moi ici. Non, mon père, lui dit la Belle avec fermeté : vous partirez demain matin, et vous m’abandonnerez au secours du ciel ; peut-être aura-t-il pitié de moi.

闺女啊!老汉搂着媚儿,说道,我吓都快吓死了,还是我留下来吧。不,爸爸,媚儿坚持道,听话,你明天自己回去吧,女儿活不长了,等下辈子再好好孝顺您。

Ils furent se coucher, et croyaient ne pas dormir de toute la nuit ; mais à peine furent-ils dans leurs lits que leurs yeux se fermèrent. Pendant son sommeil, la Belle vit une dame qui lui dit : Je suis contente de votre bon cœur, la Belle : la bonne action que vous faites en donnant votre vie pour sauver celle de votre père ne demeurera point sans récompense. La Belle, en s’éveillant, raconta ce songe à son père ; et quoiqu’il le consolât un peu, cela ne l’empêcha pas de jeter de grands cris quand il fallut se séparer de sa chère fille.

父女俩睁着眼熬了一整夜,总算支不住眼皮眯了过去。在梦里,一位仙女对媚儿说道:媚儿,好姑娘,你舍身救父这份心会有回报的。一觉醒来,媚儿把梦讲给了父亲,老汉略微心安了一点,可分别时依旧热泪潸然。

Lorsqu’il fut parti, la Belle s’assit dans la grande salle, et se mit à pleurer aussi, mais comme elle avait beaucoup de courage, elle se recommanda à Dieu, et résolut de ne se point chagriner pour le peu de temps qu’elle avait à vivre, car elle croyait fermement que la Bête la mangerait le soir. Elle résolut de se promener en attendant, et de visiter ce beau château : elle ne pouvait s’empêcher d’en admirer la beauté.

父亲走后,媚儿独坐在大厅,暗自垂泪,可转念一想,反正自己今晚就是猛兽的盘中餐了,人活一世,临走前何必那么多感伤。于是她迈开步,参观起这座城堡,倾倒于宅邸的美丽。

Mais elle fut bien surprise de trouver une porte sur laquelle il y avait écrit : APPARTEMENT DE LA BELLE. Elle ouvrit cette porte avec précipitation, et elle fut éblouie de la magnificence qui y régnait ; mais ce qui frappa le plus sa vue fut une grande bibliothèque, un clavecin, et plusieurs livres de musique. On ne veut pas que je m’ennuie, dit-elle tout bas. Elle pensa ensuite ; si je n’avais qu’un jour à demeurer ici, on ne m’aurait pas fait une telle provision. Cette pensée ranima son courage. Elle ouvrit la bibliothèque, et vit un livre où il y avait écrit en lettres d’or : SOUHAITEZ, COMMANDEZ ; VOUS ÊTES ICI LA REINE ET LA MAÎTRESSE.

来到一扇门前,她忽然看见门板上刻着一行字:媚儿屋。媚儿忙不迭推开门,满屋的富丽晃得她睁不开眼:别的先不说,屋里摆着一面高高的书柜,一架羽键琴,还有几本音乐书。看来是给我解闷用的,她低语道。媚儿转念又想,这么说它不打算立马就吃了我,否则也不用费这些周折了。这么一想,媚儿的心情释然了许多。她来到书柜跟前,发现一本书上写着几个金字:想要什么就说,你就是这儿的女王,和我平起平坐。

Hélas ! dit-elle, en soupirant, je ne souhaite rien que de voir mon pauvre père, et de savoir ce qu’il fait à présent : elle avait dit cela en elle-même. Quelle fut sa surprise, en jetant les yeux sur un grand miroir, d’y voir sa maison, où son père arrivait avec un visage extrêmement triste.

唉!媚儿叹了口气,一个人念叨着,我只想见见我爸爸,看看他过得怎么样。媚儿眼前有一面大镜子,她抬头一看,镜中竟浮现出她的家,老汉愁容满面迈进了家门。

Ses sœurs venaient au-devant de lui, et malgré les grimaces qu’elles faisaient pour paraître affligées, la joie qu’elles avaient de la perte de leur sœur paraissait sur leur visage. Un moment après tout cela disparut, et la Belle ne put s’empêcher de penser que la Bête était bien complaisante, qu’elle n’avait rien à craindre d’elle. A midi elle trouva la table mise et pendant son dîner elle entendit un excellent concert, quoiqu’elle ne vît personne.

两个姐姐连忙上前搀扶,媚儿一走,二人装得满脸悲痛,心里却喜不自胜。刹那间,影像消失一空,媚儿心想,它真体贴,我也没什么好怕的了。午时,一桌佳肴凭空摆好,屋里回响着美妙的旋律,却不见演奏的人。


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