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法语童话《小王子》(Le Petit Prince)

2022-11-18 17:37 作者:Hooksiel  | 我要投稿

Antoine de Saint-Exupéry

安托万·德·圣埃克苏佩里

CHAPITRE XXI

C’est alors qu’apparut le renard.



– Bonjour, dit le renard.

 

– Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien.

 

– Je suis là, dit la voix, sous le pommier.

 

– Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli…

 

– Je suis un renard, dit le renard.

 

– Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste…

 

– Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.

 

– Ah ! pardon, fit le petit prince.

 

Mais, après réflexion, il ajouta :

 

– Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ?

 

– Tu n’es pas d’ici, dit le renard, que cherches-tu ?

 

– Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ?

 

– Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C’est bien gênant ! Ils élèvent aussi des poules. C’est leur seul intérêt. Tu cherches des poules ?

 

– Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ?

 

– C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens… »

 

– Créer des liens ?

 

– Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…

 

– Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur… je crois qu’elle m’a apprivoisé…

 

– C’est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses…

 

– Oh ! ce n’est pas sur la Terre, dit le petit prince.

 

Le renard parut très intrigué :

 

– Sur une autre planète ?

 

– Oui.

 

– Il y a des chasseurs, sur cette planète-là ?

 

– Non.

 

– Ça, c’est intéressant ! Et des poules ?

 

– Non.

 

– Rien n’est parfait, soupira le renard.

 

Mais le renard revint à son idée :

 

– Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc un peu. Mais, si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé…

 

Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :

 

– S’il te plaît… apprivoise-moi ! dit-il.

 

– Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n’ai pas beaucoup de temps. J’ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.

 

– On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard. Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !

 

– Que faut-il faire ? dit le petit prince.

 

– Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près…

 

Le lendemain revint le petit prince.

 

– Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l’après-midi, dès trois heures je commencerai d’être heureux. Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m’agiterai et m’inquiéterai ; je découvrirai le prix du bonheur ! Mais si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller le cœur… Il faut des rites.


  

– Qu’est-ce qu’un rite ? dit le petit prince.

 

– C’est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C’est ce qui fait qu’un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux ! Je vais me promener jusqu’à la vigne. Si les chasseurs dansaient n’importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n’aurais point de vacances.

 

Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l’heure du départ fut proche :

 

– Ah ! dit le renard… Je pleurerai.

 

– C’est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t’apprivoise…

 

– Bien sûr, dit le renard.

 

– Mais tu vas pleurer ! dit le petit prince.

 

– Bien sûr, dit le renard.

 

– Alors tu n’y gagnes rien !

 

– J’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.

 

Puis il ajouta :

 

– Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d’un secret.

 

Le petit prince s’en fut revoir les roses.

 

– Vous n’êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n’êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n’avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n’était qu’un renard semblable à cent mille autres. Mais j’en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.

 

Et les roses étaient bien gênées.

 

– Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle que j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai mise sous globe. Puisque c’est elle que j’ai abritée par le paravent. Puisque c’est elle dont j’ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c’est elle que j’ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c’est ma rose.

 

Et il revint vers le renard :

 

– Adieu, dit-il…

 

– Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.

 

– L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.

 

– C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.

 

– C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose… fit le petit prince, afin de se souvenir.

 

– Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose…

 

– Je suis responsable de ma rose… répéta le petit prince, afin de se souvenir.

 

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第二十一章 


就在这时,狐狸出现了。

“你好,”狐狸说。“你好,”小王子很有礼貌地回答,他转过身,却什么也看不到。

“我在这里,”那声音说,“在苹果树下。”

“你是谁?”小王子说,“你很漂亮……”

“我是狐狸,”狐狸说。

“来跟我玩吧,”小王子提议道,“我很难过……”

“我不能跟你玩,”狐狸说,“我没有经过驯化。”

“啊!对不起,”小王子说。思考了片刻之后,他又问:“‘驯化’是什么意思?”

“你不是这里的人,”狐狸说,“你在找什么呢?”“我在找人类,”小王子说,“‘驯化’是什么意思?”“人啊,”狐狸说,“他们有枪,他们会打猎。这特别讨厌!他们也养鸡。这是他们仅有的优点。你是在找鸡吗?”

 

“不是,”小王子说,“我是在找朋友。‘驯化’是什么意思?”

“这是常常被遗忘的事情,”狐狸说,“它的意思是‘创造关系’。”“创造关系?”

“是啊,”狐狸说,“对我来说,你无非是个孩子,和其他成千上万个孩子没有什么区别。我不需要你。你也不需要我。对你来说,我无非是只狐狸,和其他成千上万只狐狸没有什么不同。但如果你驯化了我,那我们就会彼此需要。你对我来说是独一无二的,我对你来说也是独一无二的……”

“我有点明白啦,”小王子说,“有一朵花……我相信她已经驯化了我……”

“那有可能,”狐狸说,“地球上什么事情都有……”

“噢!她不在地球上,”小王子说。

狐狸显得很感兴趣。“是在别的星球上吗?”“是啊。”

“那个星球上有猎人吗?”“没有。”

“那太好啦!有鸡吗?”“没有。”

“毕竟没有完美的事,”狐狸叹气说。

 

但他又拾起刚才的话题。

“我的生活很单调。我猎杀鸡,人猎杀我。所有的鸡都是相同的,所有的人也是相同的。我已经有点厌倦。但如果你驯化我,我的生活将会充满阳光。我将能够辨别一种与众不同的脚步声。别人的脚步声会让我躲到地下。而你的脚步声就像音乐般美好,会让我走出洞穴。还有,你看。你看到那片麦田吗?我不吃面包。小麦对我来说没有用。麦田不会让我想起什么。这是很悲哀的!但你的头发是金色的。所以你来驯化我是很美好的事情!小麦也是金色的,到时它将会让我想起你。我喜欢风吹过麦穗的声音……”

狐狸安静下来,久久地凝望着小王子。“请你……请你驯化我!”他说。

“没问题,”小王子回答说,“但我没有多少时间。我还有许多朋友要结识,还有许多事情要了解。”

“你只能了解你驯化的东西,”狐狸说,“人类再也没有时间去了解什么东西了。他们无论需要什么都到商店里买现成的。但商店里不卖朋友,所以人类再也交不到朋友。如果你想找个朋友,请驯化我!”

“我该怎么做呢?”小王子问。

“你要非常有耐心,”狐狸说,“首先,你要在离我有点远的地方坐下,就像这样,坐在草地上。我会偷偷地看你,你不要说话。语言是误解的根源。但你每天都要坐得离我更近一点……”

 

第二天小王子回来了。

“你每天最好在相同的时间来,”狐狸说,“比如说你定在下午四点来,那么到了三点我就会开始很高兴。时间越是接近,我就越高兴。等到四点,我会很焦躁,坐立不安;我已经发现了幸福的代价。但如果你每天在不同的时间来,我就不知道该在什么时候开始期待你的到来……我们需要仪式。”

“仪式是什么?”小王子说。

“这也是经常被遗忘的事情,”狐狸说,“它使得某个日子区别于其他日子,某个时刻不同于其他时刻。例如,那些猎人就有个仪式。每逢星期四,他们会和村里的女孩跳舞。所以星期四是个美好的日子!我可以到葡萄园里散步。但如果猎人并不在固定的日子跳舞,所有的日子都是相同的,那我就没有假期了。”

于是小王子驯化了狐狸。转眼他们就要彼此分别。

“唉!”狐狸说,“……我会哭的。”

“这要怪你,”小王子说,“我不希望你难过的,但你想要我驯化你……”

“是这样的,”狐狸说。“那你还要哭!”小王子说。

“是啊,”狐狸说。“所以你什么好处也没得到!”

“我得到了好处,”狐狸说,“因为小麦的颜色。”

然后他又说:“再去看看那些玫瑰吧。到时你会明白,你的玫瑰是独一无二的。然后回来跟我说再见,我会送给你一个秘密当礼物。”

小王子又去看那些玫瑰。“你们根本不像我的玫瑰,你们现在什么也不是,”他说,“没有人驯化你们,你们也没有驯化任何人。你们就像先前那只狐狸。他原本只是普通的狐狸,和其他成千上万只狐狸没有什么不同。但我和他交了朋友,现在他是全世界独一无二的。”

那些玫瑰听了很不舒服。

“你们很美丽,但也很空虚,”他又说,“不会有人为你们去死。当然,寻常的路人会认为我的玫瑰花和你们差不多。但她比你们全部加起来还重要,因为我给她浇过水。因为我给她盖过玻璃罩。因为我为她挡过风。因为我为她消灭过毛毛虫(但留了两三条活口,好让它们变成蝴蝶)。因为我倾听过她的抱怨和吹嘘,甚至有时候也倾听她的沉默。因为她是我的玫瑰。”

他回去找狐狸。

“再见,”他说……

“再见,”狐狸说,“这是我的秘密。它很简单:看东西只有用心才能看得清楚。重要的东西用眼睛是看不见的。”

“重要的东西用眼睛是看不见的,”小王子跟着说,以便记住这句话。

“正是你为你的玫瑰付出的时间,使得你的玫瑰是如此的重要。”

“正是我为我的玫瑰付出的时间……”小王子跟着说,以便记住这句话。

“人类已经忘记这条真理,”狐狸说,“但你千万不要忘记。你要永远为你驯化的东西负责。你要为你的玫瑰负责……”

“我要为我的玫瑰负责……”小王子跟着说,以便记住这句话。


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