Chandelle
Le plus beau temps de l’année,
La fin de l’été.
Le vent va et les feuilles tremblent et le vent vient et les feuilles tombent
Et je marche dessus et elles craquent et j’y marche et il me frappe
Et je rage et je me calme et je décide de mettre une fin à ce drame.
Alors, tout s’arrête.
J'ai avec moi un bon gâteau délicieux,
Pour ma fête.
La première qui est prise au sérieux,
Peut-être la dernière.
Le soleil poignarde le ciel,
Le sang jaillit sur le vieux mur résidentiel.
«Violent, ce sommeil d’enfer»,
Je murmure et j’avale mon lucifère.
L’astre lunatique soigne la toile et sort sa faux,
Là cet héliofuge songe à soi et à ses «fauts».
«Il FAUT qu’on s’en parle, il FAUT le combattre».
Combattre.
Je reviens avec un couteau,
Dans la chambre noirâtre.
Le clair de lune, l’obscurité de l’autre.
La lune y est invisible,
——La destinée y est prévisible.
Alors j’allume la mienne,
——Propre à moi, qui m'appartient.
Deux gouttes de feu bouillantes
Qui font couler la cire pleurante,
Qui gèlent au contact du glaçage,
Qui devient un dommage.
J’ai mal calculé le temps,
Je n’aurai pas de la chance de goûter mon gâteau.
——«Viens», appellent les voix de la nuit gentiment...
——Je me vois noyager près d'un vieux bateau...
——Somnolant...
——Même dans ce froid mouillé mordant...
Mais par convention je dois faire un vœu,
Tout en oubliant mon pauvre gâteau piteux.
Les yeux se ferment et s’ouvrent,
La limite entre ces deux mondes, je la discerne peu.
Je souffle la chandelle.
Le vent brouille la lueur du soir.
La lune noie dans le noir.
Bonne nuit.